Les établissements médico-sociaux (EMS) connaissent, depuis une vingtaine d’années, de profondes mutations liées à la volonté de l’État de faire évoluer leurs modes de fonctionnement à travers l’introduction d’outils de gestion à visée performative. La fonction de direction s’est structurée au fil du temps parallèlement à l’évolution de l’environnement réglementaire. Si les premiers directeurs ont créé les outils d’intervention sociale contemporains, ceux d’aujourd’hui appliquent la déclinaison locale, territoriale des politiques publiques devenues pléthoriques. Le discours de l’ADC est qu’être directeur est un métier, et non une fonction, soumis à des normes gestionnaires, à des indicateurs standardisés calqués sur les exigences des pouvoirs publics qui visent l’amélioration continue de la performance des établissements médico-sociaux. Les connaissances techniques ne suffisent pas. Face à toutes ces contraintes, la légitimité fonctionnelle des directeurs peut être remise en cause parce qu’ils adoptent, parfois, des comportements de retrait comme l’absence d’humanité dans leur organisation, face aux contraintes budgétaires et financières. Le directeur doit mettre en place un management plus « humain » qui privilégie la proximité dans la relation qui propose du soutien social. Pour gérer les tensions de rôle (les ambiguïtés du métier, les paradoxes nombreux et contradictoires), le directeur doit, face à un environnement de plus en plus complexe, contribuer à la performance de son établissement. Le directeur doit se doter non seulement des connaissances techniques dans les différents domaines de gestion et d’administration (démarche qualité, management stratégique, gestion budgétaire…), mais aussi des compétences cognitives, sociales, ainsi que des ressources psychologiques.

La formation continue doit être un outil que le directeur se doit utiliser, le mobiliser pour lui-même, après sa formation CAFDES ou Master II. La formation complémentaire au management des relations humaines, à l’organisation du travail sont nécessaires. En effet, les critères de recrutement des directeurs reposent principalement sur leur expertise technique ou leur ancienneté et sont parfois négligées les qualités relationnelles. Le métier de directeur n’est plus ce qu’il était et n’est pas celui qu’il sera au grès des politiques néo-libérales qui laisse l’humain de côté. La tension entre les deux principaux rôles du directeur que sont la gestion des activités administratives et l’animation des équipes mettent parfois en difficulté les relations humaines. L’augmentation de la charge de travail administratif des directeurs les prive souvent de communiquer avec leurs collaborateurs. Nous ne possédons pas tous des compétences managériales et relationnelles (écoute, empathie…). La confrontation avec les équipes risque alors de déstabiliser le cadre dirigeant. Il faut donc que le directeur pense à lui aussi, à l’augmentation de ses propres compétences par un accès plus soutenu à sa formation. Mais, pour que la formation soit « la solution et non le problème (le temps, quitter son bureau…) », elle ne devra pas se limiter à l’acquisition des connaissances théoriques pour éventuellement améliorer de sa propre employabilité grâce à l’acquisition d’un savoir universitaire. La formation devra se doter de savoirs expérientiels acquis ailleurs, dans d’autres secteurs, voire dans d’autres pays… Elle devra ainsi jouer un rôle essentiel dans le développement du capital humain, du capital social et du capital psychologique du directeur grâce à la mise en place des outils pédagogiques adaptés (mise en situation, jeu de rôle, enseignements interactifs…).

Pour conclure, l’ADC invite les actuels et futurs directeurs à ne pas percevoir la formation comme une contrainte, mais comme une opportunité pour développer leur capital humain, leur capital social et leur capital psychologique pour plus d’épanouissement, de bienveillance et s’ils le peuvent améliorer leur performance au travail.

Alain HOTIER
Vice-président en charge de la Formation

 

[1] Analyse d’articles de M. Khaled Sabouné, maître de conférences en management à Aix-Marseille Université.

 

 

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