L’Unaforis a publié en 2023 un rapport d’alerte sur la situation économique des établissements de formation en travail social. Cette dégradation des finances touche de nombreux établissements de formation en travail social. Si les situations sont très disparates d’une région à l’autre, les signaux négatifs se multiplient. A noter tout d’abord un désengagement régional consécutif à la baisse des concours des collectivités territoriales. Si certaines régions maintiennent, voire augmentent leurs subventions, d’autres réduisent sensiblement la voilure. L’inflation n’est pas compensée, la non-prise en compte de l’augmentation des coûts, (la valeur du point, l’énergie…). S’ajoute, la concurrence d’organismes privés nouveaux, non spécialisés dans le travail social, qui proposent des formations continues, hors formations initiales, à des tarifs bas sur lesquels les organismes classiques ne peuvent s’aligner. De plus, l’obligation de certifier les formations représente un coût supplémentaire pour les établissements. Les régions refusent souvent de prendre en charge ce surcoût dans la mesure où l’État ne compense pas cette dépense nouvelle. Autre point, la désaffection étudiante dont les écoles pâtissent qui confirme la crise des métiers du social : une plus grande difficulté à recruter des étudiants, une multiplication des arrêts d’étude en cours de formation. Les centres de formation hésitent avant d’augmenter leurs tarifs d’inscription afin de ne pas pénaliser des étudiants déjà souvent financièrement sur la corde raide. Mais cette démarche sociale a pour conséquence de réduire les entrées d’argent.

Une enquête de la Fédération Nationale des étudiants en milieu social (FNEMS) a recueilli les préoccupations des étudiants en travail social et il en ressort notamment diverses sources de mécontentement, voire de souffrance. En filigrane, la nécessité d’améliorer les conditions d’études pour faire progresser l’attractivité de ces filières. D’abord un double diplôme, mal construit avec l’université, deux licences sont très largement dominantes : sociologie et science de l’éducation. Si l’objectif de ce double diplôme est salué, ses modalités de mise en œuvre sont critiquées. Des cours pas toujours adaptés, jugés inadaptés ou impertinents : « Les cours sont trop éloignés de notre métier et donc du Diplôme d’État ». La demande d’un rééquilibrage entre apports théoriques et rendus dans le cadre de la professionnalisation est exprimée. Une course contre la montre permanente, les étudiants se posent la question de la gestion du temps : « C’est un plus d’avoir deux diplômes en trois ans, mais cela laisse peu de temps aux recherches personnelles, à la maturation du vécu. On est sans cesse dans la production et dans l’excès d’infos ». Également dénoncée, la difficulté à trouver des stages, ou encore à demander de l’aide. Pour ce dernier point, ce non-recours est complexe : certains étudiants, formés à apporter de l’aide, sont très mal à l’aise à la demander pour eux.

Comment redynamiser la filière ? Les cadres de direction doivent se préoccuper de cette situation très tendue et intégrer, autant que faire se peut, les Conseils d’administration, les Conseils Techniques et Pédagogiques des écoles de formation enfin de soutenir le milieu de la formation. Il en va de la survie de nos institutions. Nous devons soutenir les Ecoles de Formation et améliorer les conditions d’étude des étudiants. Nous, cadres de direction et cadres intermédiaires, nous devons nous y engager dans chacune dans nos régions.

Alain HOTIER
Vice-président en charge de la Formation

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