Narjes Guetat-Calabrese évoque dans sa thèse une question du temps qui ne finit pas de recommencer, comme un cycle perpétuel. Dans sa recherche en science de l’éducation, elle évoque, à travers un regard clinique sur la fonction de direction, une « image qui représente le mieux le temps de la MECS ; un temps qui tourne vite, très vite et revient comme s’il repartait à zéro pour refaire encore une boucle et encore une boucle… ». Ce temps qui recommence signifie-t-il que les évènements sont amenés à se répéter inlassablement, comme le symbole de l’Orobouros ?
Mais il ne s’agit pas ici de faire de l’ésotérisme de comptoir mais de penser l’évolution des métiers de direction d’établissement et de la place que nous devons prendre pour faire entendre nos voix, convergentes ou divergentes d’ailleurs.
Cette posture nous parait d’autant plus essentielle que les directeurs interviewés par cette doctorante parlent tous de formes de violences vécues différentes, à l’intra comme à l’extra des établissements et auxquels les directeurs doivent faire face comme des « Rambos » (selon L. Metayer dans un article des cahiers de l’actif « Les directeurs d’ESSMS : des “Rambosˮ ? »). Ce qui est à craindre, à notre sens, c’est une banalisation de la souffrance des directeurs qui, par le biais d’une adaptabilité et d’un engagement sans faille, compensent en silence les violences psychiques, physiques et symboliques, et qui reviendraient sans cesse.
Mais ceci n’est pas une fatalité, loin de là !
Pour sortir de l’Habitus, il faut d’abord conscientiser les phénomènes de reproduction et de les étudier comme des faits sociaux. Aussi, nous revendiquons une sociologie des directeurs d’établissement et des associations. Il existe déjà plusieurs recherches sur le sujet, mais elle reste les instruments des laboratoires universitaires.
Nous émettons le souhait que des associations et des centres de formations s’emparent de ce sujet pour une approche phénoménologique des métiers de directeurs et que ces mêmes associations prennent soin des « praticiens de la direction d’établissement » que nous sommes. Prendre soin et la recherche seraient deux outils qui permettront de mieux nous appréhender, de mieux nous incarner.
« Connais-toi toi-même » préconisais les plus sages hellénistes antiques. Faisons de cette devise un cap à prendre pour nous amener à davantage de sérénité dans nos fonctions et notre perception de notre métier.
Stéphane Montbobier
Vice-président en charge du politique